La Morenica

  

Jusqu’en 1492, avant l’expulsion des juifs puis plus tard des musulmans (maures), les trois grandes cultures chrétienne, juive et musulmane ont su le plus souvent cohabiter harmonieusement en Espagne et se reconnaitre mutuellement. Cette coexistence a été marquée par des collaborations fécondes et des influences réciproques dans les domaines artistiques et culturels. C’est sur le thème de cette « Convivencia » que le programme de ce concert a été conçu, mêlant les sonorités de la viole de gambe et de la vièle à archet à celles du oud et du santur, présentant donc un panorama de musiques anciennes constitué de romances de la tradition Judéo-Espagnole (conservés par les populations expulsées d’Espagne), de chants Arabo-Andalous et Ottomans, tous venus nourrir avec leurs couleurs et rythmes les musiques et chants occidentaux. Ce concert se veut témoin de cet âge d’or, propice à toutes les nostalgies…  Quelques compositions du fameux luthiste italien Girolamo Kapsberger, très certainement influencé par des rythmiques venues d’Ailleurs viendront compléter le programme. Enfin, des pièces de viole de gambe de l’illustre Marin Marais, musicien à la cour du Roi Soleil, seront interprétées dans une version inattendue, avec un accompagnement de santur.

 

Extraits sonores :

Zakaria Haffar : Chant, oud, santur

Françoise Enock : Viole de gambe, vièle à archet & luth

 

 

 

Chronique de Jack Guerrier (Le livreur solitaire), août 2021

Avec son concert La MORENICA ce premier week-end d’Août,  La Caravelle des Arts a une nouvelle fois enchanté le public de la chapelle d’Ault. Françoise Enock à la viole de gambe, vièle à archet et Zakaria Haffar, chant, oud et santur, ont nimbé la chapelle d’une atmosphère colorée, évocatrice de l’orient et de l’occident mêlés. Ils nous offert par le mariage de leurs instruments et de la voix expressive de Zakaria Haffar, un voyage nostalgique dans l’âge d’or de la Convivencia. Faisant corps avec son instrument, Françoise Enock tire de la vièle à archet les sons d’une voix humaine qui se marie avec celle du chanteur accompli Zakaria Haffar. Le public a accueilli avec enthousiasme ce concert d’une grande beauté. Le santur, instrument de musique iranien, diffusé dans tout le Moyen-Orient, appartenant à la famille des cithares sur table a éveillé la curiosité. A l’issu du concert Zakaria Haffar a expliqué son fonctionnement par l’exemple.

La MORENICA

C’est le nom du concert que porte la création de La Caravelle des Arts.

La MORENICA est issue d’une chanson traditionnelle sépharade en ladino. Le mot signifie la noiraude. (On m’appelle la Morenica, ma peau était d’un blanc pur et c’est à cause du soleil de l’été que je suis devenue brune).  

Françoise Enock et Zakaria Haffar ont construit l’édifice du concert autour d’un concept convivial qui mêle les cultures chrétienne, juive et musulmane qui ont su le plus souvent cohabiter en Espagne et se reconnaitre mutuellement. Les deux musiciens et le chanteur nous offre un panorama de musiques anciennes constitué de pièces espagnoles et italiennes, de romances de la tradition Judéo-Espagnole, de chants arabo-Andalous et Ottomans.