Vinum Bonum !

 

Le vin et la viticulture, hérités de l’empire romain, se répandent durant le moyen-âge européen, en grande partie grâce aux vignobles épiscopaux et aux abbayes. L’eau est alors souvent polluée et malsaine : on boit de préférence des boissons fermentées, cidre et bière, ou vins, qui sont jusqu’à la fin du XIIIème siècle exclusivement des vins blancs.

 

Le vin apparaît alors dans la littérature française, souvent personnifié. Henri d’Andeli donne la parole à des vins de différentes provenances dans le poème La bataille des vins, une scène de dégustation truculente, présentée sous les traits d’une bataille allégorique, à la cour du  roi Philippe Auguste (1165–1223), ayant missionné ses messagers pour qu’ils lui rapportent les meilleurs vins de tous les terroirs. Cette œuvre montre l’importance et de la diversité du vignoble de l’époque.

 

Les écrivains témoignent, du Moyen Age à nos jours, de mille et une façons de dire le vin, le faisant rimer en français la plupart du temps avec « divin ». Une longue tresse métaphorique se développe, où l'on reconnaît certains fils directeurs : le plaisir, la vigueur, le mystère, le divin, le sang…

Au XVIe siècle, le vin fait une entrée fracassante dans le roman, avec une omniprésence dans toute l’œuvre de François Rabelais, entièrement tendue vers la quête de la dive bouteille.

 

Le spectacle musical Vinum Bonum ! a été conçu comme une "Farce  Rabelaisienne" dans laquelle on s'amuse à déplacer sur l'échelle des valeurs la place qui est accordée au vin, en usant de railleries, mensonges, détournements et sophismes à travers différents textes, poésies et pastiches, extraits de divers auteurs  tel Pierre Jamec (Le débat du vin et l’eau, où les deux liquides se déclarent la guerre) ou François Rabelais (Prologue du Tiers livre) etc... en cherchant   à déclamer une  éthique de la vie qui  érige en vertu la consommation du vin.

 

Si la littérature médiévale et de la renaissance regorge de textes qui font l’éloge du vin et du plaisir qu’il procure, les compositeurs de la même époque n’ont pas été moins inspirés, et ce dans toute l’Europe : Ils nous ont légué une profusion de chansons à boire, à manger ou bachiques.

 

Des morceaux extraits des Carmina Burana (Monumental recueil de chansons retrouvé en Allemagne, la plupart du temps irrévérencieuses et satiriques écrites au XIIIème siècle en latin par des Goliards, ecclésiastiques défroqués), et d’autres pièces musicales extraites des divers Cancioneros espagnols, des recueils italiens de Villanesche Napoletane et d’ouvrages  d’airs à boire français ponctueront ce programme littéraire et musical festif dédié au vin et à la table, au son de la vièle à archet, du luth et de la viole de gambe.

  

 

Eric Malgouyres, Comédien-chanteur, chifonie

 Françoise Enock, Vièle à archet, viole de gambe & luth renaissance